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Mais au fait : la consigne, qu’est-ce que c’est ?

Published on 2 February 2024 at 12:00 - Modified the 11 November 2024 at 11:13

« Je me souviens des bouteilles de lait consignées, du temps de ma grand-mère… ». Voilà un souvenir que vous partagez régulièrement avec nous. Mais c’est en discutant avec les plus jeunes d’entre vous que nous avons réalisé que le concept de consigne n’était pas si limpide que cela…

Petit retour en arrière, pour grand pas en avant !

D’où vient la consigne ?

Selon Wikipédia, la consigne aurait été inventée en Irlande… en 1799 ! Courante dans les années 60, elle a presque totalement disparu dans les années 90 en France. Pourquoi ?

Largement répandue autrefois, en France, une loi de 1938 la rend obligatoire pour la brasserie et les eaux gazeuses. Mais la société de consommation lui fait peu à peu subir une lente et douloureuse agonie. Dans les années 70, les publicitaires vantent les qualités prétendument plus hygiéniques et modernes d’une bouteille à usage unique. Leur intérêt : créer leurs propres emballages et se différencier des concurrents…

Consigne, historique

Années 90 : le pollueur-payeur

Pendant les Trente glorieuses, le jetable devient « super tendance ». « La “jetabilité” devient un argument récurrent de vente aux lendemains de la guerre : le fait de mettre à la poubelle est bien plus qu’un moyen de simplifier le quotidien, c’est désormais un véritable “art de vivre” de la modernité » écrit le sociologue Baptiste Monsaingeon.

Au début des années 1990, face à l’augmentation considérable du volume de déchets, une réglementation sur la conception et la fin de vie des emballages ménagers est mise en place en France. Ainsi sont créés les éco-organismes auxquels les industriels versent une contribution pour la gestion des déchets : c’est le principe du pollueur-payeur. Cette nouvelle réglementation signe la fin de la consigne.

Une consigne qui perdure (un peu)

Mais la consigne de disparait pas tout à fait… En restauration, elle continue à être pratiquée, notamment chez certains producteurs de vin ou dans le circuit des Cafés Hôtels Restaurants, avec la consignation de 30 à 40% des bouteilles et fûts de bière. En Alsace, où elle ne s’est jamais arrêtée, Zero Waste France considérait en 2019 que 25 millions de bouteilles consignées étaient vendues chaque année…

Le retour de la consigne

Aujourd’hui, la consigne se réinvente dans de nouveaux usages : cups écologiques pour l’événementiel, bouteilles pour le vrac liquide, service de location et lavage de contenants pour la restauration…  Pour les Gouvernements promulguant des lois anti-gaspillage, la consigne fait clairement partie des solutions encouragées.

Et chez nos voisins Européens, alors ?

Le système de consigne a continué de fonctionner chez nos voisins. (Globalement, on constate même que les pays qui gèrent le mieux leurs déchets sont aussi ceux qui ont mis en place un système de consigne !).

En Allemagne, la majorité des emballages de boissons est consignée pour une somme qui va de 0,8 à 0,25 € (canettes et bouteilles). Elle s’applique à la fois aux bouteilles réutilisables (0,15 €), mais également à celles qui seront recyclées (0,25 €). Cette différence de prix a été mise en place pour inciter les ménages à employer les bouteilles réutilisables. Grâce à ce système, le taux de plastique recyclé est de 40%.

En Belgique, la consigne pour réutilisation est surtout appliquée pour les bouteilles de bière et de vin. De plus, il existe un nombre de modèles de bouteilles de bière limité afin de faciliter la réutilisation. Contrairement à l’Allemagne, il n’existe pas de consigne pour le recyclage ou pour le plastique.

A Monaco, le système Maconsigne a été mis en route en juin 2022. Depuis son lancement, près de 45.000 contenants ont été utilisés et réutilisés !

Et à ceux qui nous posent régulièrement la question, oui le contenant réutilisé a un meilleur bilan environnemental que l’emballage jetable ! De nombreuses Analyses de Cycle de Vie ayant étudié les avantages environnementaux de la consigne en témoignent, dans la mesure où les circuits courts sont privilégiés pour la réutilisation - afin de ne pas alourdir le bilan environnemental par des transports inutiles (d’où l’intérêt des systèmes de consigne locaux) !